samedi 10 septembre 2011

La grande marguerite des champs

                  Elle était née un jour dans une grande prairie. Elle n’était pas laide du tout, pas d’une spéciale beauté non plus, pas avec ce teint de transparence qu’on voit à la chair des roses dans la première lueur du matin. Entourée de hautes herbes vigoureuses, solidement ancrée dans la terre nourricière par une longue racine, elle n’était pas fragile non plus.

Elle regrettait seulement de ne pouvoir voyager, mais l’hirondelle qui venait d’arriver lui dit combien c’était fatigant et plein de dangers.
 Elle aurait bien voulu savoir chanter comme le vent, mais le grillon lui dit que la pluie abat grand vent et qu’il pleure bien souvent.
 Elle aurait bien voulu épouser le coquelicot.Il n’était pas de son monde, fier et éphémère il disparut sitôt venu.

De tout petits moucherons venaient parfois jouer autour de sa corolle et leurs arabesques si jolies la distrayaient un instant.
Un jour un gros bourdon doré vint lui rendre visite. Riche et somptueux, elle succomba à son charme mais quel fardeau pour son mince pétiole ! Elle fit ce qu’elle put pour ne pas se courber dangereusement.  Pourquoi n’était-elle pas forte et opulente comme la grosse fleur de pissenlit qu’il lui préféra ? . .
 C’est alors qu’un joli papillon la frôla d’un geste amoureux. Quel bonheur ! Quelle délicatesse que ses pattes de velours ! Elle lui offrit un peu de son pollen.

Quand il eut bien pillé son nectar, ses réserves d’eau et de miel,il s'en alla sans un adieu.

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